Que signifie ERAS ou "Enhanced Recovery After Surgery" ? En français, "Récupération Améliorée Après Chirurgie", ERAS est un programme de récupération pour améliorer les risques de complications en post-opératoire, en intervenant pendant, avant et après une opération chirurgicale.
Approuvé par une certification, ce programme repose sur l’évidence scientifique et regroupe les meilleures pratiques en matière de nutrition, de chirurgie, de mobilisation et en gestion des douleurs. Il est donc mis en place avant, pendant et après l’intervention.
Le but de ce programme est de diminuer le stress engendré par l’acte chirurgical en exploitant tous les moyens connus dans un langage commun aux chirurgiens, anesthésistes, infirmières, physiothérapeutes, nutritionnistes et avant tout aux patients.
ERAS définit le patient comme l’acteur principal de sa propre guérison. Le résultat est mesuré par différents paramètres, dont le principal est la diminution du taux de complications.
ERAS à la clinique
En mars 2013, la Clinique Générale-Beaulieu est le premier établissement privé en Suisse Romande à être certifié ERAS. Ce programme a été mis en place à la clinique sous l’égide des Dr Ihsan Inan et Dr Claudio Soravia, spécialistes en chirurgie viscérale, et avec collaboration de Dr Dimitrios Samaras et Dr Nikolas Samaras, spécialistes en médecine interne, gériatrie et nutrition clinique, ainsi que le Dr Vincent Baeriswyl, spécialiste en anesthésiologie.
Dans ses années d’origine, le programme ERAS s’appliquait uniquement à la chirurgie digestive. Désormais, la Clinique Générale-Beaulieu le pratique pour tout type d’interventions lourdes de chirurgie viscérale. Principalement, ERAS a lieu d’être lorsque la prise en charge du patient peut être améliorée. Bien que le protocole ERAS vise essentiellement les interventions lourdes, sa philosophie révolutionnaire a permis un changement radical de mentalité dans la pratique de la chirurgie moins complexe au grand bénéfice des patients.
Les 3 grands principes ERAS
- Redéfinition du jeun avant reprise de l’alimentation après l’intervention chirurgicale : Jusqu’à récemment, les patients jeûnaient dès la veille du jour de leur intervention. Aujourd’hui, nos patients qui suivent le protocole ERAS mangent léger jusqu’à 6h avant l’intervention et reçoivent une boisson sucrée spécialement préparée jusqu’à 2h avant l’intervention. « On limite la période de jeun » précise Elisabeth Eugster, infirmière référente spécialisée qui a adapté le programme à la clinique depuis la base du protocole ERAS. Cela diminue les risques d’infections et complications post-opératoires. «ERAS a changé les mentalités» complète le Dr Ihsan Inan, Spécialiste FMH en chirurgie viscérale. «Avant, pour une opération digestive, on ne mangeait pas parfois pendant 5 jours après la chirurgie.»
- Traitement de la douleur et diminution des complications : Dans une stratégie globale d’épargne des opiacés, en plus de l’anesthésie générale, nous utilisons des moyens pour bloquer la transmission des douleurs. Cela permet de minimiser l’utilisation des morphiniques pendant et après la chirurgie. Ne ressentant pas les effets secondaires de la morphine, le patient peut rapidement sortir du lit, marcher, commencer ses exercices respiratoires et surtout boire, manger et rétablir son transit intestinal.
- Mobilisation très rapide : La mobilisation précoce est l’un des incontournables du programme. Elle facilite le retour à la vie normale et diminue incontestablement les complications postopératoires. La mobilisation s’effectue déjà en salle de réveil. «Avant le patient devait rester au lit sans bouger pendant plusieurs jours après l’intervention», raconte Elisabeth Eugster. « Aujourd'hui, le but est que le patient retrouve son autonomie le plus rapidement possible.» Le retour à domicile des patients est ainsi accéléré.
Le patient, acteur principal des soins
Parmi les 3 principes, le plus grand avantage du protocole ERAS reste l’implication du patient dans son processus opératoire, du début jusqu’à la fin. «Le patient sait à quoi s’attendre de A à Z.» insiste le Dr Ihsan Inan. «Ce protocole met le patient au centre, il le responsabilise et le fait participer au travail d’équipe qui se constitue autour de lui. L’information est la pierre angulaire. Dès le premier contact avec son chirurgien, le patient reçoit des renseignements clairs qui lui seront répétés par les autres membres de l’équipe tout au long de son parcours. Le fil conducteur étant le protocole ERAS, toute l’équipe partage le même langage.»
Le patient bénéficie d'un rendez-vous en pré-opératoire avec une infirmière référente ERAS, qui lui explique en détail le programme. Lors de cette rencontre, un rapport de confiance s’installe avec le patient : «C’est l’occasion d’avoir un échange rassurant pour le patient, de lui permettre de poser toutes ses questions, et qu'il sache exactement ce qu'on attend de lui. Par exemple, il sait qu’il va devoir déjà se lever en salle de réveil.» confie Elisabeth Eugster.
Le mot de la fin ? «ERAS, c’est l’avenir au présent !» conclut Elisabeth Eugster. «C’est tout bénéfice pour les patients : ils bénéficient d’une prise en charge globale, on s’occupe d’eux avant et après l’intervention, ils rentrent plus tôt à domicile.»
A propos
Spécialiste FMH en chirurgie viscérale
Spécialiste en Chirurgie et Chirurgie viscérale, membre FMH.